Proclamation du PRS – 20 septembre 1962
Nous, militants de l’ALN, de l’OPA et des organisations nationales (UGTA, UGEMA, UFA, Jeunesse FLN), originaires de toutes les régions d’Algérie, nous sommes réunis pour étudier la grave situation dans laquelle se débat notre pays.
Deux mois à peine après l’accession à l’indépendance et par suite des crises successives provoquées par certains dirigeants avides de pouvoir, notre pays est plongé dans l’anarchie et l’insécurité́. De nombreux affrontements fratricides sont encore possibles. Le spectre de la guerre civile n’est pas complètement écarté. Les libertés élémentaires sont pratiquement inexistantes. La situation économique est dramatique. Les masses populaires, déjà̀ fortement éprouvées par une longue guerre, souffrent du chômage, de la faim et du manque de soins. Leur déception est grande et ne peut laisser indiffèrent tout militant révolutionnaire soucieux avant tout de sortir définitivement ces masses de leur misère.
Cette situation a pour cause directe la faillite du FLN qui, après avoir été le catalyseur de toutes les énergies dans la lutte de libération, ne peut plus prétendre être un mouvement révolutionnaire.
Déchiré par des dissensions internes, sans idéologie précise, partagé entre les clans, le FLN en tant que parti unique est incapable d’entamer avec succès la révolution socialiste.
Né d’un coup de force politique, l’équipe qui se proclame « direction du FLN » se maintient par la force des armes et l’appui manifeste de l’étranger. Poursuivant une politique de règlements de comptes, éliminant méthodiquement les militants révolutionnaires ou simplement suspects de s’opposer à elle, cette équipe s’entoure d’opportunistes et d’inconditionnels, en un mot de contre-révolutionnaires.
Les militants qui refusent de lui faire acte d’allégeance sont, en outre, dénigrés systématiquement, calomniés, intimidés quand ils ne sont pas arrêtés ou portés disparus. C’est par centaines que dans le Constantinois, par exemple, les cadres sont emprisonnés ou contraints à rentrer dans la clandestinité.
Ainsi donc, cette équipe prépare la voie à un régime policier de dictature personnelle ou militaire.
La menace lancée contre les travailleurs auxquels l’équipe au pouvoir déclare ne jamais « passer la main »; l’alliance avouée – en particulier à Arzew – avec le capitalisme international, l’installation de cette équipe avec l’aide d’unités armées, son refus obstiné de permettre à la volonté populaire de s’exprimer librement, son intention bien arrêtée de « mettre au pas»; les organisations nationales laissent prévoir le caractère antinationale, bourgeois et réactionnaire du régime qu’elle entend instaurer.
Il est de notre devoir d’affirmer avec force que :
- Le FLN se révèle désormais incapable de rassembler, d’organiser et d’orienter les masses populaires dans la voie du socialisme ;
- L’équipe qui s’est emparée du pouvoir n’a ni la légitimité́, ni l’autorité́, ni les qualités requises pour s’intituler direction de la révolution et en régir les destinées.
EN CONSÉQUENCE, NOUS DÉCIDONS :
1/ de nous retirer du FLN qui ne peut plus répondre aux aspirations profondes des masses populaires ;
2/ de dénoncer le bureau politique, comptable du sang versé dans le Constantinois, l’Algérois et au cœur même de la capitale à seule fin d’assurer son autorité́ ;
3/ de créer un Parti d’avant-garde en mesure de mobiliser les énergies révolutionnaires autour d’un programme socialiste dont les principales bases sont :
- L’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme ;
- La propriété́ collective des moyens de production et la révolution agraire au profit des masses paysannes ;
- La gestion économique et sociale du pays par les masses laborieuses ;
- Le pouvoir politique aux mains des travailleurs.
Ce parti a pour nom PARTI DE LA RÉVOLUTION SOCIALISTE. Paysans, travailleurs manuels et intellectuels, artisans et petits commerçants, étudiants, femmes, jeunes algériens et algériennes, ce parti est le vôtre.
En y adhérant vous travaillerez à la réalisation de la révolution socialiste.
Le Comité Provisoire de Coordination,
Alger, le 20 septembre 1962